Si la société se trouve dans une situation économique difficile, ses dirigeants ont, plus que jamais, besoin de conseils avisés. Néanmoins, dans cette situation de crise, les risques liés au conseil augmentent en conséquence. La prudence est donc requise, au plus tard dès lors que l’entreprise se trouve en situation d’insolvabilité. Même en présumant que le conseil ne poursuit exclusivement que des motifs légitimes dans l’exercice de son activité, la situation semble inextricable et soulève des questions fondamentales : doit-il abandonner son client, alors que celui-ci a plus que jamais besoin de lui à ce moment ? Doit-il laisser le champ libre à d’autres conseils ? Doit-il insister sur un paiement dans les délais de ses honoraires, voire sur un paiement anticipé à ce moment-là ?
Un risque existe notamment dans les cas suivants :
- Responsabilité en raison de l’absence d’avertissement ou d’information erronée sur le stade de l’insolvabilité
La jurisprudence récente de la Cour suprême allemande a considérablement renforcé le devoir d’information du conseil fiscal / expert-comptable. Cela concerne aussi bien l’information sur le risque d’insolvabilité que l’obligation afférente de déposer une demande d’insolvabilité. En cas de signes évidents de crise, le conseil fiscal / expert-comptable est donc tenu de délivrer cette information indépendamment de ce qui est prévu dans sa lettre de mission. Lorsque cette information n’est pas délivrée, le conseil peut être tenu responsable des préjudices patrimoniaux ou des dommages ultérieurs.
- Responsabilité pour complicité au défaut de déclaration de l’insolvabilité
Si l’entrepreneur et le conseil savent que l’entreprise se trouve en état d’insolvabilité, mais que le conseil continue malgré tout d’accompagner la société et que celle-ci poursuit son activité, il peut en résulter une responsabilité pénale, et une responsabilité civile peut également s’ensuivre.
Dans de tels cas, il est déconseillé de poursuivre la relation d’affaires, en particulier si l'entrepreneur ne donne toujours pas suite à un avertissement sur l'obligation de déposer une demande d’insolvabilité.
- Perte d’honoraires et action révocatoire
En général, le conseil qui accompagne une entreprise lors d’une crise est informé sur sa solidité économique et sur ses liquidités. Cette situation n’est pas sans risque. En effet, si un administrateur de l’insolvabilité est désigné, il peut également réclamer le remboursement des honoraires de conseil déjà versés avec effet rétroactif jusqu’à quatre ans avant la demande d’insolvabilité. Il est toutefois possible d’éviter cette situation en agissant en temps utile.