Les mesures de restructuration ou de redressement d'une entreprise coûtent de l'argent. Or, la trésorerie est un actif particulièrement rare en cette période. Lors de cette phase, les bailleurs de fonds de l'entreprise sont donc d’une importance cruciale et sont très recherchés. Il est essentiel que ces derniers soient convaincus à la fois de l'efficacité des mesures de redressement nécessaires et de leur faisabilité. En outre, les prêteurs exigeront généralement des garanties ou des « mesures instaurant la confiance » en contrepartie d'un éventuel financement de la restructuration.
C'est souvent dans cette situation qu'intervient la fiducie- bifonctionnelle. Dans ce cadre, un fiduciaire, agissant en qualité de tiers neutre pour garantir les prêteurs ou les bénéficiaires, se voit transférer certains actifs d'un constituant, appelés biens donnés en garantie ou biens fiduciaires. Ces actifs peuvent être des biens corporels (par exemple des actifs immobilisés et des actifs circulants) ou des parts sociales. Dans le premier cas, on parle alors d'une fiducie-sûreté bifonctionnelle ou bilatérale, dans le second cas d'une fiducie de parts sociales bifonctionnelle ou bilatérale. Ces actifs sont détenus par le fiduciaire à titre de sûreté pour le compte des bailleurs de fonds, à condition qu'en cas de survenance de certaines circonstances (par exemple si l'entreprise en cours de restructuration ou de redressement se trouve en incapacité de paiement ou encore si les covenants stipulés ne sont pas respectés), le fiduciaire réalise les sûretés grevant des biens corporels ou des parts sociales en faveur des créanciers bénéficiaires ou, dans le cas d’une fiducie de parts sociales, remplace les dirigeants ou entame un processus de recherche d'investisseurs.
Ce mécanisme repose sur un contrat de fiducie (à titre de sûreté) entre le fiduciaire et le(s) constituant(s), qui décrit et définit précisément les droits et obligations du fiduciaire et du constituant, la composition des biens grevés, les conditions dans lesquelles le fiduciaire est autorisé à les réaliser, ou les conditions dans lesquelles il doit prendre ou mettre en œuvre des mesures opérationnelles et structurelles dans l'entreprise à redresser. Certes, les prêteurs ne sont pas parties à ce contrat de fiducie. Toutefois, le contrat fiduciaire (à titre de sûreté) est un véritable contrat au profit de tiers conformément à l'article 328 du Code civil allemand. Cela signifie que les bailleurs de fonds, en tant que bénéficiaires, sont titulaires d’un droit direct à l’égard du fiduciaire à ce que ce dernier leur reverse, par exemple, le produit de la réalisation de la sûreté ou du bien fiduciaire après déduction des frais.